VICTOR TREFFRE

Victor Lambert TREFFRE est né le 16 septembre 1941 et a grandi au quartier Bòkannal de Fort-de-France où il habite jusqu’à aujourd’hui. Il est le troisième des onze enfants de Zélie MARTON du Saint Esprit et de Clavius TREFFRE de Sainte-Anne et Sainte-Luce, tous deux dockers à la Compagnie. Il a eu deux filles (dansez bèlè), et un garçon (décédé très tôt) avec Colette BRIGITTE,  sa compagne durant trente trois ans.

Il a exercé plusieurs métiers : abattage d’animaux à l’abattoir municipal, puis manœuvre en maçonnerie. Après son service militaire en Algérie en 1961-1962 (« ladjè-a té pres fini ; man pa tjwé pèsonn é pèsonn pa tjwé mwen, mé man wè anlo pwofitasion anlè sé Aljéryen-an »), il part en France par le BUMIDOM et obtient un diplôme d’ouvrier en revêtement de sols. Ayant la volonté de vivre dans son pays, il y retourne à la fin de sa formation et travaille à nouveau à l’abattoir départemental du Lamentin, et ce jusqu’à sa retraite en 1999. Là, il anime le Syndicat Autonome des Ouvriers Abatteurs, des années 1970 à sa retraite.

 

               Victor TREFFRE a toujours participé, dès l’âge de 18 ans, à l’animation de son quartier (dont il est devenu une  figure emblématique) et au développement des traditions de son pays : organisation de la fête et encadrement des jeunes du quartier (certains sont, aujourd’hui des acteurs culturels connus : Niko et Eric GERNET, Léon DESERT…), participation à l’activité des associations (RENOVATION, LAVWA PITJAN, GICA, MAI 1848 durant les années 1970, et aujourd’hui TANBOU BÒKANNAL, KRÉYASION JÉNES et AM4), animation du carnaval (Papa djab à Fort-de-France, occasionnellement aux Anses d’Arlet et au Diamant, avec TANBOU BÒKANNAL depuis les années 1980), contribution  avec Eric GERNET et ? à la confection du nouveau système de serrage du tambour, fourniture régulière de peaux pour le montage du tambour (« lapo tou préparé pou ayen »). Depuis quinze ans, il développe une activité d’artiste comme chanteur de danmyé-kalennda-bèlè (albums avec XTREM JAM, KALI, et deux sur son propre nom).

 

               Il a grandi en voyant le danmyé. « Bòkannal, sé an kartié té toujou ni danmyé, kontel jou lafet, jou féryé. Yo di mwen ki avan yo té ka jis fè’y pandan jou la simenn, jédi épi vandrédi, anba an piébwa ki té la pos polis-la yé aprézan. Té ni danmyé pandan kannaval anlè Lalvé (bò marché pwason, bò biyar-la, bò lajandamri), man té timanmay ».

Il commence vraiment vers l’âge de 15 ans (il observe beaucoup et s’exerce), puis pratique de manière continue, après  son temps d’armée, dans les années 1960. Man té ka fè danmyé Bòkannal. Man té ka anmizé, délè bagay-la té sérié. Pou danmyé sérié-a, lokazion-an prézanté tou Mawo Lanmanten épi  Lasalann (Lasalann, sa mantjé déjénéré !). Là, il fréquente les danmyétè du quartier : « Antan-tala, ou té ni Ti Kafé, i té ka chanté épi i té ka jwé tanbou, i té ka fè lé dé an menm tan, sé li ki té pli fò. Apré’y ou té ni dé moun kon Mélodi, Simon Martial… Pou sé konbatan-a, ou té ni Koko sikré, Mélodi, Simon Martial, Guy épi Georges TREFFRE (dé frè mwen)… ». Des danmyétè d’autres communes sont venus aussi : ou té ni Simon HAUSTAN (lavwa, tanbou, konba), Georges ORANGER Yéyé (lavwa, konba). Et puis, il y en avait beaucoup ailleurs : O Franswa, té ni tonton-mwen tou, Saint-Louis MARTON, i té fò

Depuis le début des années 1980, il est engagé résolument dans la réorganisation du danmyé : participation à la création de Lékol danmyé en 1983 puis de l’AM4 en 1986, contribution décisive à la jonction avec les anciens, à la codification réalisée et à la formation de cadres.

 

               Aujourd’hui, malgré ses difficultés de santé, Victor TREFFRE continue à œuvrer pour l’avenir du danmyé et est source de connaissance et de sagesse : « Ja ni an gwo travay ki fet. Jodi jou fok fè piti, é piti sérié. Fok fè an rèlèv. Mé fok tjenbé estil-la : danmyé-a ni ou wè’y ou pa wè’y adan ; sé pa anni fè moun goumen, fok travay kadans-lan. Dapré mwen, fok alé an dé direksion : danmyé anmizman (bel démonstraksion) épi  danmyé sérié (mé sé lè moun-lan sur di kò’y, épi jòdi jou fok ni pwoteksion)... Linité, sa ka travay pou danmyé, man pou sa a san a lè, sa oblijé pou voyé danmyé pli wo ».

 

                                                                                     Association Mi Mes Manmay Matinik (AM4) - Juillet 2015 

                                                                                                            (en collaboration avec le SERMAC)