RENE THEOBALD dit "Koko Sikré"

Photos prises lors de l'hommage organisé avec le SERMAC en 2015

René THEOBALD dit Koko sikré est né le 17 avril 1907 (mais déclaré en 1909) au quartier Fonds Brulé au Robert. Il est le fils de Censé THEOBALD, agriculteur et cannelier, et de Japon SAINT-HILAIRE. Son père, parti pour la première guerre mondiale, le place à Fort-de-France. Mais il est vite recueilli par une de ses tantes sur l’habitation La Vapeur au François.

 

A nouveau au Robert après le retour de son père, il redescend, à seize ans, à Fort-de-France, « asou pwa kò-mwen ». S’étant mis avec quelqu’un, il fait sa maison à Fonds Populaire. Comme beaucoup d’autres, il doit affronter les tentatives de destruction des maisons diligentées par le maire de l’époque. « Césaire vini apré, i sipòté nou ».

Il a été marin-pêcheur, et ce jusqu’à sa retraite, et même bien après, jusqu’à l’âge de soixante quinze ans. « Man pa té fò an najé mé man pa té pè ». Il fait aussi le transport de marchandises en mer, des navires vers le port : « man mennen gaba tou ».

 

Il ne s’est jamais marié. Cependant, il a eu différentes compagnes à différents moments de sa vie, à la Martinique, à Sainte-Lucie et en Dominique. De ces unions sont nés trois enfants  (un fils dominiquais, un fils et une fille en Martinique). Les femmes lui ont attribué affectueusement le surnom de « Koko sikré ».

 

               Dès l’âge de huit ans, il se fait remarquer par son amour et ses dispositions pour la lutte. C’est donc tout naturellement que, devenu jeune homme, il s’engage dans le danmyé. Son parcours de combattant lui a donné l’occasion de rencontrer beaucoup de gens (« té ni moun an sa, tout koté ») dans nombre de communes : Trois-Ilets, Vauclin, Bellefontaine, Schœlcher, Prêcheur, Sainte-Marie, Fort-de-France (Bòkannal, Lasavann…). Parmi tous ces gens rencontrés, il garde à l’esprit quelques grandes figures qui l’ont marqué tout particulièrement. « Adan chanté-a, pli fò-a sété Andréa, déziem-lan sété Ti Emile. Té ni diféran tanbouyé, mé Andréa té pli fò, man té enmen tanbou’y. Schoelcher té ni Nosiyis, i té bon tou. An konba-a té ni boug solid : Tani (Chelchè), Réach, Ti Penn, Ti Son (Andalé), Jonas (Gwo-Mòn), Monasé, Viktò Jako, Julien Anatole… Simon Haustan, anplis di danmyé, nou travay ansanm, nou té ka alé péché krab Sent-Lisi. »

 

Il participe aussi à sept des combats organisés par BELLI Maxime à Gallieni. Il les remporte tous.

Son combat s’organise autour de la lutte surtout et des coups de poing : «  Man té simen lité pasé voyé tjok … Man pa té ka djè voyé pié ». Il préfère aussi le goumen danmyé (« man pa té enmen anmizé ») qu’il pratique jusqu’à la fin des années 1950 environ. « Apré sa, man té ka plito anmizé ; pou anmizé-a, man arété pli ta ».

 

Sa préparation participe au mode de vie qui prévaut à l’époque : nourriture saine (« bon lédjim, anpil pwason »), activité physique liée aux métiers (« najé ranm… »), moral trempé par un quotidien fait d’efforts et de lutte contre l’adversité, vie et médecine en harmonie avec la nature (« swen-an, sé met tout bagay : konnet plant… »), exercices spécifiques souvent en liaison particulière avec quelqu’un (« man té ka antréné lité épi an boug Twazilé, i té fò »), conscience d’autres énergies pouvant influencer le combat danmyé (« Man pa fè maléfis, man pa di lorézon, pas tou sa ni an pli fò ki pé bat li … mé man té ka fè défans-mwen ... swen-an pa kouyonnad…».

 

 

               A cent sept ans, René THEOBALD  étonne et enthousiasme plus d’un par son état de santé (lucidité, mémoire, mobilité, vue, appétit). Il manifeste un amour serein de la vie et du danmyé, un plaisir à transmettre, un esprit fondamental qui contribuent fortement à aider les générations actuelles à construire leur présent.

« An neg ki fò, man enmen’w ! Mé man pa enmen neg ki sot, neg ka fè dézod pou ayen !”

 

              Association Mi Mes Manmay Matinik (AM4)

Juillet 2015

(en collaboration avec le SERMAC)