Jean DIONY
Jean DIONY est né le 3 janvier 1926 au quartier Morne Capot au Lorrain. Il est le fils de Stéphanie DUFAG et de Roland DIONY, tous deux ouvriers agricoles et cultivateurs installés dans le même quartier. Il a été marié à Anastasie TIMARD surnommée Mandoun (décédée depuis cinq ans) avec qui il a eu et élevé quatorze enfants, huit filles et six garçons (dont deux décédés).
Il a travaillé principalement sur les habitations HAYOT (à Limbé de Sainte-Marie, à Ajoupa-Bouillon, aux Trois-Ilets), a pratiqué beaucoup de métiers liés à l’agriculture (y compris dans les chemins de fer pour le transport de la canne et chauffeur de tracteur…) et a terminé sa vie active comme koumandè labitasion, puis ékonom labitasion. En même temps, il vit de l’agriculture vivrière et du petit élevage de son jaden, ainsi que de la pêche de rivière.
Il a développé son parcours de danmyétè dans la région du Nord-Atlantique (Basse-Pointe, Lorrain, Marigot, Sainte-Marie) et dans celle du Nord-Caraïbe (Saint-Pierre). Il a également rencontré des combattants du Sud (manmay Twazilé) sur rendez-vous (« Yo té ka voyé komision ban mwen »).
Les samedis, dimanches, jours fériés, jours de fêtes patronales, dans les lieux connus mais aussi dans la cour devant la maison familiale, il côtoie nombre de pratiquants, très nombreux à l’époque (« té ni plen moun an danmyé, épi moun solid ! »), notamment les tanbouyé Jean ANNETTE, Maximin TIOLI (dit Menmen) du Lorrain, son père Roland DIONY, les chanteurs Silvère RENEL, Hurard GRAMONORD, les combattants Marie DESTON, Prosper LASARO, Eugène BASTEL dit Éjen Fané, NAZAIRE dit Labé nwè…
Il a pratiqué un combat complet : « Tout konba : lité, pié, tjok, sé silon sa moun-lan ka fè a ». Et sa démarche s’est constamment appuyée sur un certain esprit : « Man té ka alé pou anmizé, man pa té ka alé pou man lévé fésé’w ; man ka wè man pé ba’w an kou, man ka rédui’y ; mé sé silon manniè ou prézanté ! Si ou lé bat mwen, man ka pasé sigonn, é twazièm-lan danjéré, man pé ké kité’w bat mwen ! »
Son entraînement repose sur une nourriture saine (« bon manjé péyi-a : lédjim, lachè chouval, kochon, kabrit, bef »), sur les activités physiques liés aux métiers qu’il exerce (« lévé sak sik 100 tjilo, lizin Baspwent, lizin Loren »…), et aussi sur des exercices ciblés (« pou man té testé kò-mwen, man té ka alé goumen épi woch lariviè »). Il y a aussi ces moments après le travail, durant la semaine, avec son père (« Épi’y man té ka antréné silon mizisien »), tanbouyé danmyé remarquable (« i té ka rantré an trans pandan i ka bat tanbou-a »), redoutable combattant (« non tet-li sété SIKLÒN »), pratiquant également du konba baton.
Sur l’intervention d’autres énergies dans le combat danmyé, il fait preuve du même esprit : « Si ou fò ou fò, vré prosédé’w sé silon fos-ou. Fok pa ou fè ayen ki pa bon. Mé si yo frapé’w pou yo pwazonnen’w, i ni dé bagay ou ka bwè, dé bagay ou ka froté kò’w pou protéjé kò’w. »
Et puis, c’est moins connu, mais Jean DIONY a chanté et chante encore le danmyé. Et il a cette manière bien particulière d’interpréter ce type de chant, une manière qui parvient à produire ce climat envoutant qui vous met tout de suite au combat.
Tous les membres du nouveau monde danmyé qui s’initient à cet art et qui ont eu la possibilité d’échanger avec Jean DIONY ont été séduits par cet homme attachant par sa joie de vivre, sa gentillesse, et son esprit farouche, par son sens des valeurs profondes du pays, par son sens de la grande famille et des alliés. Ils ont toujours trouvé auprès de lui ce désir de transmettre (« Fok pa kité sa mò ») qui permet d’écrire des pages entières, parmi les plus belles, de la légende-histoire du danmyé. A ce titre, ils lui sont infiniment reconnaissants.
Association Mi Mes Manmay Matinik (AM4) - Juillet 2015
(en collaboration avec le SERMAC)