COORDINATION LAWONN BÈLÈ

 

PLATEFORME TECHNIQUE : LES DANSES

Élaborée en décembre 1995 par Fédérasyon moun bèlè / Actualisée en 2011 par Coordination Lawonn bèlè

 

 

LES « JES FONDOK » (gestes de base)

 

            La notion de "jes fondok"

Ce sont des gestes, utilisés fréquemment, et à partir desquels on construit d'autres gestes (les variantes) ou encore ceux qui, même utilisés de façon limitée, ne peuvent être considérés comme variantes d'autres gestes.

Les « jes fondok » sont transversaux : on ne peut limiter leur utilisation à une seule danse ou une seule région ou encore un seul style. Au contraire, ils représentent un concentré de l'identité gestuelle martiniquaise.

NB : le « jes fondok » est le geste qui paraît fondamental. Ce n'est pas forcément le geste le plus "simple".

 

 

            Liste des « jes fondok » retenus

- Sur rythmes 2/4 ou/et 4/4 :

Ajounou - Alé-viré - Balansé - Bidjin - Bodzè - Djaka - Grajé - Glisé - Kabel - Kouri - Lélé - Maché - Nika - Ouvè-fèmen - Tibilap - Tonbé-lévé - Trépidé

- Sur rythmes 3/4 ou/et 6/8 :

Alé-viré - Balansé - Belsiyé - Bodzè - Dékatjé - Kouri - Lélé - Nika - Ouvè-fèmen

Cette liste (en 3/4 ou/et 6/8) n'est pas exhaustive. Elle n'est que celle des gestes les plus fréquemment utilisés aujourd'hui. Cependant, il faut savoir qu'on peut également utiliser, occasionnellement, d’autres gestes (comme, par exemple, glisé, tonbé-lévé, etc...).

 

 

PRINCIPE DE CONSTRUCTION DES « JES FANMI » (variantes)

 

Les « jes fondok » peuvent donner lieu à différentes expressions qu'on appellera « jes fanmi ». Ces expressions diffèrent entre elles en utilisant les procédés suivants :

- on modifie le plan de travail

- on modifie les appuis et l'attaque du sol

- on soustrait, on ajoute ou on déplace des appuis

- on modifie la posture

- on modifie des éléments de coordination générale (jambe/bras/bassin/tête)

- on joue sur les déplacements

- on combine des « jes fondok » ou/et des « jes fanmi »

 

 

PRINCIPE DE CONSTRUCTION DES « JES CHAPE »

 

Le « jes chapé » se construit à partir d'un ou de la combinaison de plusieurs des éléments suivants :

- jes fondok ou/et jes fanmi 

- saut

- tour ou/et demi-tour

- jes mayaka

- marquage

- silence gestuel

 

 

Le « jes chapé » a toujours une intention. Il s'agit de :

 

*Dékroché

- s'annoncer en faisant son entrée dans la danse

- faire des appels au partenaire ou au tanbouyé

- faire un jeu avec le ou les partenaires ou/et avec le tanbouyé lors de la montée au tambour ou à un autre moment de la chorégraphie.

*Lonjé

- marquer l’identité et la gestuelle principale de certaines danses (kalennda, phase retour du béliya, phase retour du mabélo).

 

 

LES CHOREGRAPHIES

 

            Dansé bèlè 

 

Dans l’expression samaritaine, quatre danses 

-Bèlè, avec ses nuances : * bèlè appelé encore bèlè bien balansé, bèlè solid, bèlè kouwant, gran bidjin bèlè, et aussi bidjin bèlè / *bidjin bèlè, appelé encore bèlè dous / *bèlè pitjé

-Gran bèlè

-Béliya

-Bèlè twa pa ou bouwo ou marin bèlè ou mazouka bèlè

 

Les éléments classiques de base sont bien connus : en formation quadrille (an won), quatre dames (danm), quatre cavaliers (kavalié); début en « wondi » dans le sens contraire des aiguilles d'une montre suivi de « viré » dans le sens des aiguilles d'une montre ; deux carrés (dimi-won) qui dansent successivement, les dames se déplaçant latéralement, les cavaliers faisant les quatre coins ; montée au tambour par couples.

Possibilité aussi, pour un cavalier ou/et une dame, extérieur au won, d’intervenir, à l’occasion, à la fin de la danse. Notons qu’il s’agit ici de « moun a lonè », c'est-à-dire de pratiquants bénéficiant d’une compétence et d’une reconnaissance certaines.

 

Quelques précisions :

-Les gens se placent directement pour danser ; entrée et sortie ont été introduites par les groupes pour les besoins du spectacle.

-Dans tous les cas, c’est un cavalier (kavalié liméwo 1) qui se place à droite du tambour.

-Lors de la montée au tambour, il est convenu de se baser sur les cavaliers (une des pratiques de la tradition entérinée par le koumandè bèlè, même s’il existe, dans l’oralité, les traces d’une pratique prenant les dames comme repère).

-Lors de la montée au tambour, il est recommandé que le cavalier se place à droite de la dame (pratique de la tradition entérinée par le koumandè bèlè, même s’il existe, dans l’oralité, les traces d’une pratique prenant comme repère le croisement kavalié/danm).

-L’ordre de montée au tambour des couples (« fidji ») varie dans le cadre de la succession des danses dans un cycle de huit danses. Plusieurs pratiques existent dans ce domaine et sont à considérer comme un enrichissement.

-Dans le béliya, les couples, lors de la montée au tambour, font les huit « kwen » (l’emplacement des huit danseurs). Dans la formation « dimi-won » ou « pa fidji », on commence « do a do ».

Même chose pour le bouwo. Cependant, la danse étant longue, il est admis qu’on fasse quatre coins.

 

Dans l’expression de Basse-Pointe, quatre danses 

-Bèlè proprement dit, gran bèlè, béliya, qui se dansent en deux lignes, avec montée au tambour par couples.

On pratique aussi la forme dite du « bèlè koumandè » : dans le cadre des lignes, deux dimi-won dansant successivement ; cependant, lors de la montée au tambour, il n’y a pas alternance des couples entre les deux dimi-won.

-Bidjin, qui se danse en won (pas de montée au tambour)

Il existe aussi une forme appelée « bidjin bèlè » (dansée en won sans montée au tambour, avec kolé lé bonbé tous les quatre temps).

 

Dans l’expression du Sud, deux danses 

Bèlè et gran bèlè qui se dansent couple après couple dans le cadre de formations en won ou en lignes. Les couples montent « o tanbou » ou « à la caisse ».

A noter que les appellations sont inversées par rapport aux expressions du Nord.

 

            Dansé kalennda

 

- Kalennda « yonn pa yonn » (ti kanno) Les éléments de base sont bien connus. Bien conservée dans le nord, on trouve ses traces dans le sud également. Aujourd’hui dansée par hommes et femmes, elle n’était pratiquée que par les hommes avant.

- Kalennda « tout moun ansanm » : bien conservée dans le sud, on retrouve ses traces dans d’autres régions également. On danse par couples (an kavalié/an danm) évoluant en dispersion ; les couples peuvent être en nombre indéterminé.

-NB : il a existé trois autres formes de kalennda, aujourd’hui disparues :

*Mayoumbé (dans la région du diamant ; forme très proche de celle de kalennda « tout moun ansanm »)

*Kalennda baton (signalée par Lafcadio Hearn) qui n’est pas sans rappeler la pratique (aujourd’hui disparue) de « lariviè léza » dans le Nord-Caraïbe,

*une kalennda dont les traces ont été retrouvées à Basse-Pointe et dont certains aspects ont, semble t-il, été repris et transformés par le Groupe folklorique martiniquais de Loulou Boislaville.

 

            Dansé douvan jou / lalin klè :

 

Les éléments classiques de base sont bien connus.

 

Quelques précisions :

Ting-bang : « Ou ka fidjiré tousuit » ; les entrées et sorties ont été introduites par les groupes pour les besoins du spectacle.

Les dames commencent en sens inverse des aiguilles d'une montre.

Dans l’expression de Basse-Pointe, le ting bang donne lieu à un « kolé lé bonbé » tous les quatre temps (dé londjè tibwa).

 

Mabélo (région samaritaine) : Même remarque pour entrée et sortie.

Une ligne kavalié/une ligne danm. Cependant, la danse en deux lignes mixtes a été largement popularisée par Ti-Emile et d'autres.

NB : lors d’un aller (kavalié vers danm et vice-versa), on ne frappe qu’une fois ; de même, on frappe face à face (les dames ne se présentent pas de dos).

Selon Madame Ciméline Rangon, mabélo peut se danser aussi en won et en quadrille.

 

Woulé mango (région samaritaine) : même remarque pour entrée et sortie.

Danse en won, avec une alternance kavalié / danm. Les danseurs se tiennent par la main. Tour à tour, un danseur se détache et tourne sur le won formé par les autres danseurs.

NB : Le mouvement permettant de se déplacer sur le won doit être bien étudié, à la fois pour l’esthétique de la danse et pour des questions de sécurité (éviter des mouvements trop brutaux et trop rapides qui pourraient blesser les danseurs : « sé an bagay ka fet dous »).

 

 

Kannigwé : trois formes existent. Les trois sont dansées en lignes.

- Une forme qu’on pourrait appeler « kannigwé fidji ansanm » (de Ste-Marie) : les valsé et bodzè se font par couples évoluant ensemble, en dispersion.

- Une forme qu’on pourrait appeler « an fidji apré lot » popularisée par Ti-Emile et intégrée par la culture vivante. Les valsé et bodzè se font un couple après l’autre.

- Une forme pratiquée dans la région de Basse-Pointe : mis à part les commandements classiques, on a d’autres commandements qui développent « jé-a ». Ici, encore plus qu’ailleurs, il faut être attentif aux indications du koumandè.

 

            Autres danses associées

 

Bénézwel : danse créée dans les années 1950 à Bezaudin par les Casérus, elle existe aujourd’hui sous deux formes.

-Une seule ligne mixte, qui fait successivement les quatre côtés d'un carré, en commençant du côté dos au tambour. Le tibwa, semblable à celui du bèlè, est joué en « gwobwa ».

-une forme, largement popularisée par Ti-Emile et qui a intégré la culture vivante. Elle s’exécute en deux lignes (une ligne kavalié, une ligne danm face à face). Le tibwa est joué d’une manière semblable au tibwa woulé mango.

 

Mabélo lakoup kann ou négriyé : représente le travail de la coupe de la canne. A été largement popularisée par Simon Haustan pendant le carnaval. A été diffusée par le Groupe folklorique martiniquais de Loulou Boislaville puis par d’autres groupes.

 

 

LAREL DANSÉ-A

(Principes guidant la pratique de la danse)

 

- Mété kò’w o son/pran kadans : passer par repères musicaux, développer mélodie du corps.

- Pran chan-an : « chak chanté-a ni mak-li ; fok dansè-a rivé trouvé’y ».

- Sinié dansé-a : « chak dansé-a ni yonn oubien serten jes, an kanman, an lespri ka ba’y mak-li ».

- Travay pié/kadans kò : importance du jeu de pieds pour mise en mouvement de tout le corps.

- Mété jé-a atè/fè jé-a : plaisir et émulation à travers communication, parades et réponses.

- Dansé pozé : « bèlè sé pas jimnastik, sé pa dansé fou, sé pa sik (menmm si’y bien balansé) ».

- Alé ansanm : recherche de communion avec les autres composantes de lawonn.

- Chak moun-lan an mod-la/Opservasion ! : le respect des fondamentaux de la danse bèlè.

- Chak moun-lan an mod-li/O pli bel diez : personnalisation de la danse ; créativité.

- Dansè épi tanbou, sé yonn a lot : rapports entre danseur et tanbouyé marqués par le dialogue.

- Ladjé kò’w : ne pas emprisonner son énergie, « démaré ko’w ».

- Sé an fil san fen : humilité ; créativité.

- Sé silon : les choses (jes, jé …) s’inscrivent dans le temps, dans l’espace, dans des circonstances.

                       

 

LES CAPACITES FONDAMENTALES

 

- O son (gestion des temps forts et des temps secondaires).

- Apui (type d’appuis, attaque du sol, type d’énergie).

- Kanman (allure globale du corps intégrant aussi position, niveau du corps, plan de travail, pratique sur place ou en déplacement).

- Liannaj kò (coordination jambes, bras, bassin, tête, respiration).