POUR MIEUX COMPRENDRE LE DANMYÉ

(D’après les conclusions des séminaires de SANBLÉ DANMYÉ de janvier, juillet et août 2015)

 

 

                                                                          VIGILANCE !

 

Depuis de nombreuses années, des associations et individualités s’efforcent de préserver, voire reconquérir  le ladja ou danmyé, dont on avait prédit la disparition tant le symbole qu’il représente, dérange une société en proie aux clichés et préjugés. Aujourd’hui le travail de reconnaissance porte ses fruits dans une Martinique qui évolue inlassablement.

Cependant, malgré une forte revendication identitaire et notre résistance, la pression du « modèle » dominant installé nous conduit à remettre sans cesse en question notre MOI PREMIER  au profit d’un « politiquement correct » facilement adopté.

Voilà pourquoi il nous appartient à nous, Martiniquais, de veiller à ce qu’aucune de nos pratiques culturelles ne subisse une soi-disant « modernité » qui ferait reculer nos valeurs profondes, notre capacité à nous inventer et nous moderniser nous-mêmes.

Ce texte, d’une part précise, suite à des échanges longs et fructueux, notre compréhension du Danmyé ou Ladja. D’autre part, il traduit notre unité actuelle.  Et bien sur, comme toute chose, celles-ci sont susceptibles d’évolutions.

 

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IL EXISTE TROIS GRANDES FORMES D’ORGANISATION

DE LA PRATIQUE DU DANMYÉ

 

 

          I) - « Danmyé lib »

 

                              Il s’agit de la forme traditionnelle d’organisation du danmyé.

 

Le danmyé lib se déroule en plein air ou dans une salle, à même le sol, avec la disposition des assistants en cercle autour des pratiquants.

Il se caractérise par l’entrée libre des combattants (du débutant au confirmé), le libre choix du partenaire, le libre choix de la tenue. L’enjeu est dans le plaisir de jouer, celui d’être apprécié, et ceci dans le respect du type de combat défini.

Il n’y a pas de durée imposée lors de cet échange.

Il n’y a pas d’arbitre, pas de règlement précis (même si les combattants et l’assistance appliquent des règles de sécurité communément admises qui assurent le RESPECT et la PROTECTION de tous les participants à Lawon danmyé, sans exception).

La spontanéité, avec ses avantages et ses inconvénients, est dominante.

Cependant, depuis janvier 2014, un Met lawonn  contribue à réguler l’énergie en action. Celui-ci veille à ce que prédomine lespri danmyé : mété difé, pa mété dézod. Il peut intervenir dans la composition de l’orchestre et est seul habilité à suspendre ou arrêter le combat.

 

 

 

          II) - « Katel danmyé »

 

Il s’agit d’une forme contemporaine du danmyé, celle de la compétition organisée à la manière sportive (tournois, championnats, rencontres) avec, toujours comme base fondamentale, l’expérience de la tradition.

Elle se caractérise par l’entrée programmée et réglementée des combattants, la présence d’un règlement précis, d’un Met katel (« arbitre ») et d’un jury, le port de tenues distinctives codifiées, des enjeux honorifiques et/ou matériels (coupes, médailles, voyages, primes…).

Le Met  katel met de l’ordre dans le combat et aide les combattants à s’exprimer loyalement et à respecter les règles définies.

 

 

 

          III) - « Danmyé fè moun wè »

 

                      Il s’agit aussi d’une forme contemporaine, celle des démonstrations.

 

Elles peuvent prendre la forme d’enchainements individuels, de mouvements d’ensemble, de combats codifiés. Ici, la confrontation n’est pas libre et réelle, elle est « arrangée » et, dans ses aspects essentiels,  pensée à l’avance.  L’objectif est de sensibiliser, former et séduire le public.

 

 

 

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DANMYÉ LIB ET KATEL DANMYÉ PEUVENT DONNER LIEU À

DEUX TYPES DE COMBAT

 

 

 

 

I)- « Danmyé anmizé » ou « jwé danmyé » ou « danmyé kou rédui »

 

La règle fondamentale est la suivante : « Ou ka plasé kou-a mé ou pa ka ba moun Lan’y ». Les coups sont contrôlés (montrés ou/et touchés) et ne sont pas percutés, les actions de lutte sont contrôlées (du fait de l’intention animant ce type de combat, du public, des types de sols). On cherche à gagner mais on s’inscrit dans le « miziré fos-nou », « l’échange des expériences de combat », avec comme enjeux essentiels le plaisir de jouer, (de gagner et/ou de perdre), d’être apprécié par son style, son efficacité et surtout le RESPECT DE LA LIMITE FIXEE AU COMBAT.

 

Il y a en général deux grandes possibilités pour le danmyé anmizé :

1) - Le combat peut être très mesuré, avec donc un engagement des combattants et une intensité de combat limités, plutôt proche du « danmyé fè moun wè » (démonstration, jeu, plus qu’affrontement). Il mobilise tous les niveaux de combattants (du débutant au confirmé).

2) - Le combat peut être « séré », c’est-a-dire avec un engagement des combattants et une intensité de combat élevés, se rapprochant plutôt du « danmyé sérié ». Il mobilise les pratiquants confirmés ou/et de niveau intermédiaire. Il s’accompagne de règles strictes de sécurité (interdiction de coups dangereux, présence d’une trousse de santé et de secouristes…).

Entre ces deux « EXTREMES », il y a toute une série de niveaux d’intensité de combat que seuls les deux combattants fixent entre eux…de façon intuitive, instinctive ou verbalement.

 

Mais dans tous les cas……

 

C’EST  l’ESPRIT D’ECHANGE QUI PREDOMINE

dans le cadre de LESPRI DANMYÉ « Mété difé pa mété dézod ».

 

 

 

 

 

II) - « Goumen danmyé »  ou « danmyé sérié » ou « danmyé san rédui »

 

L’engagement des combattants et l’intensité du combat sont très élevés. La règle fondamentale est que les coups sont percutés et les actions de lutte finalisées autant que possible. L’intention est de gagner et le combat est ouvert. On comprend donc que ce niveau de combat concerne les combattants confirmés ou/et de niveau intermédiaire.

Cependant, la protection des combattants est fondamentale et les coups mortels ou handicapants sont interdits. Des règles strictes de sécurité sont mises en œuvre : zones d’impacts autorisées précisées, port de protections, présence d’une équipe de secours (avec médecin), gestion particulière de lawonn de ceux qui assistent… 

Ici aussi, malgré l’intensité du combat, LESPRI DANMYÉ « Mété difé pa mété dézod », est fondamental.

 

 

                                                                      Texte adopté par les Danmyétè rassemblés dans SANBLE DANMYE 

                                                                                                                      Février 2016