Les appellations

source : extraits du document « Plateforme minimale de travail des écoles danmié AM4 » adopté par la réunion générale des membres du danmié en mai 2004 et validé par l'assemblée générale ordinaire de l'AM4 en octobre 2004.

[...]

Il y a quatre appellations (Danmié, Ladja, Kokoyé, Wonpwen) pour désigner, aujourd'hui, la même pratique définie, selon les préférences, comme : une danse de combat, un art de combat, un combat cadencé, un art martial ... Bref, une pratique guerrière opposant deux “danmyétè” ou “majo” ou “jwa” dans un “won” formé par les supporters (Atlaj) et l'assistance, et régulée par “Mizik-la” (l'orchestre).

Le danmié marque incontestablement notre mémoire collective car il a été exécuté dans toutes les régions de la Martinique et sous la même forme (c'est à dire avec le même rituel et le même orchestre). Bien sur, il existe des nuances dans la musique danmié entre les régions, principalement entre le nord et le sud, et les danmyétè de chaque région ne manquent pas de les souligner. Pour les gens du Sud, le danmié du nord serait trop influencé par le bèlè, il se serait donc “adouci” ; pour les gens du nord, celui du sud serait trop “grossier”, il manquerait de finesse. Cependant les hauts faits d'armes et les héros légendaires sont originaires de toutes les régions.

Les appellations nous interpellent déjà fortement .

Dans son ouvrage “Le ladjia - Origine et pratiques”, Josy Michalon fait remonter à la lutte KADJIA du peuple Basantché et à la lutte KOKOULE du peuple Kotokoli, tous deux du Bénin, les origines profondes du danmyé. Outre la parenté au niveau de la terminologie (ladja/kadjia, kokoulé/kokoyé), les ressemblances au niveau de la symbolique, de la fonction et de la technique d'expression corporelle sont manifestes. Notons toutefois que, en ce ce qui concerne le kokoulé, la musique n'intervient qu'en début de combat.

Josy Michalon insiste également sur l'importance du syncrétisme entre esclaves africains, opinion largement partagée par Dominique Cyrille dans son étude sur “Les danses rurales à la Martinique ”. Après avoir fait remarquer « […] la multiplicité de nationalités africaines introduites à la Martinique , pendant et après l'abolition de l'esclavage » [...]  , Josy Michalon souligne que […] « D'autres emprunts ont pu vraisemblablement venir soit du Nigéria, chez les Haoussa sur les bords du Niger, soit des hautes terres de la Guinée dans le Fouta-Djalon, soit du Sénégal où ont lieu périodiquement des cérémonies de lutte, notamment chez les Sérères du Siné Saloum, les Diolas de Casamance, les Lébous du Cap-vert, les Socès du Sénégal oriental. […]. Et elle constate que […] « Il existe de nombreux parallèles entre ces luttes traditionnelles et le ladja. »  […] 

Joséphau qui a étudié les “Africanismes dans la langue créole” fait, lui, référence à AGIA. Pour Sully Cally aussi, tout comme pour Max-Auguste Dufrénot , Ladja viendrait d'AGIA qui, chez les Bantous, désigne l'action de “hacher menu”. Il s'agirait d'un terme employé en dialecte Mina pour encourager deux lutteurs.

Dans l'ouvrage de Cheick Antha Diop “Nations nègres et culture” (tome 2), le terme “LAG-YA” est mentionné dans la langue Wolof du Sénégal. Lag désignant “la chevalerie” et ya “l'histoire” ; lag-ya serait donc “l'histoire de la chevalerie” sénégalaise.

Jacqueline Rosemain , dans son ouvrage “La musique dans la société antillaise”, avance la thèse que le Ladja serait à l'origine une danse cultuelle, intégrée à l'un des trois grands cultes des religions africaines, le culte de la fécondité de la mort. Ces danses de la fécondité qui furent appelées Caleinda par les colons. Ecoutons la :  […] « La danse de la guerre était la plus secrète, et pour cause, aucun auteur de l'époque ne la décrite.Ces cérémonies au cours desquelles était dansé le Caleinda, car le dieu de la mort est aussi celui de la guerre s'achevaient par une danse guerrière […] Toujours est-il que le laguia est une danse belliqueuse. Il mime une lutte et se termine par la mort du plus faible ou du moins habile des adversaires […] Cette danse était l'affaire des initiés, elle préludait à toutes révoltes ou affrontements graves » […]   Alfred Métraux inclut la danse de la guerre dans le rite “pétro”, un des rites du Vaudou. A l'appui de cette thèse, on pourrait citer l'existence de danses de combat à Trinidad, à Porto-Rico et en République dominicaine portant le nom de CALINDA ou CALENDA ; de même toutes les pratiques et croyances surnaturelles qui entourent le danmyé; de même le témoignage de Lafcadio Hearn dans “Esquisses martiniquaises” qui décrit « le Caleinda » pratiqué par “des hommes”, “à l'aide de bâtons” , et qui pouvait se terminer en de véritables batailles rangées.

Victor P'Fouma , quant à lui, dans “De l'unité culturelle de l'Afrique noire” , indique que dans certaines langues africaines, les mots ‘damm” et “gamm” veulent dire “initiés”, et les mots “yé”, “ya” désignent “ceux qui pratiquent” . Relevons d'ailleurs qu'à Porto-Rico, il existe un art de combat appelé “Damya”.

Enfin, il faut noter qu'il existe des traces dans la mémoire orale et dans la diaspora qui établissent une différence entre “ladja et “danmyé” : le ladja est décrit comme une danse (“dansé ladja” serait une des formes des “dansé kalennda”), ou/et encore comme un combat basé sur la boxe (coups de poings, de pieds) et les projections mais excluant la lutte.

En tout cas, la présence des arts de combat durant la période esclavagiste et l'origine africaine du danmié ne peuvent être mis en doute. Moreau de Saint-Méry , chroniqueur européen de l'époque, en parle en ces termes :  […]  « Les nègres de la côte d'or, belliqueux, sanguinaires, accoutumés aux sacrifices humains, ne connaissaient que des danses féroces comme eux, tandis que les Congos, Sénégalais et d'autres africains, pâtres ou cultivateurs, aiment la lutte parmi leurs amusements favoris. Ils miment des combats et prenaient différentes attitudes de vainqueurs et de vaincus » […].

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Selon les Chercheurs

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L'évolution

source : extraits du document « Plateforme minimale de travail des écoles danmié AM4 » adopté par la réunion générale des membres du danmié en mai 2004 et validé par l'assemblée générale ordinaire de l'AM4 en octobre 2004.

[...]

Il y a quatre appellations (Danmié, Ladja, Kokoyé, Wonpwen) pour désigner, aujourd'hui, la même pratique définie, selon les préférences, comme : une danse de combat, un art de combat, un combat cadencé, un art martial ... Bref, une pratique guerrière opposant deux “danmyétè” ou “majo” ou “jwa” dans un “won” formé par les supporters (Atlaj) et l'assistance, et régulée par “Mizik-la” (l'orchestre).

Le danmié marque incontestablement notre mémoire collective car il a été exécuté dans toutes les régions de la Martinique et sous la même forme (c'est à dire avec le même rituel et le même orchestre). Bien sur, il existe des nuances dans la musique danmié entre les régions, principalement entre le nord et le sud, et les danmyétè de chaque région ne manquent pas de les souligner. Pour les gens du Sud, le danmié du nord serait trop influencé par le bèlè, il se serait donc “adouci” ; pour les gens du nord, celui du sud serait trop “grossier”, il manquerait de finesse. Cependant les hauts faits d'armes et les héros légendaires sont originaires de toutes les régions.

Les appellations nous interpellent déjà fortement .

Dans son ouvrage “Le ladjia - Origine et pratiques”, Josy Michalon fait remonter à la lutte KADJIA du peuple Basantché et à la lutte KOKOULE du peuple Kotokoli, tous deux du Bénin, les origines profondes du danmyé. Outre la parenté au niveau de la terminologie (ladja/kadjia, kokoulé/kokoyé), les ressemblances au niveau de la symbolique, de la fonction et de la technique d'expression corporelle sont manifestes. Notons toutefois que, en ce ce qui concerne le kokoulé, la musique n'intervient qu'en début de combat.

Josy Michalon insiste également sur l'importance du syncrétisme entre esclaves africains, opinion largement partagée par Dominique Cyrille dans son étude sur “Les danses rurales à la Martinique ”. Après avoir fait remarquer « […] la multiplicité de nationalités africaines introduites à la Martinique , pendant et après l'abolition de l'esclavage » [...]  , Josy Michalon souligne que […] « D'autres emprunts ont pu vraisemblablement venir soit du Nigéria, chez les Haoussa sur les bords du Niger, soit des hautes terres de la Guinée dans le Fouta-Djalon, soit du Sénégal où ont lieu périodiquement des cérémonies de lutte, notamment chez les Sérères du Siné Saloum, les Diolas de Casamance, les Lébous du Cap-vert, les Socès du Sénégal oriental. […]. Et elle constate que […] « Il existe de nombreux parallèles entre ces luttes traditionnelles et le ladja. »  […] 

Joséphau qui a étudié les “Africanismes dans la langue créole” fait, lui, référence à AGIA. Pour Sully Cally aussi, tout comme pour Max-Auguste Dufrénot , Ladja viendrait d'AGIA qui, chez les Bantous, désigne l'action de “hacher menu”. Il s'agirait d'un terme employé en dialecte Mina pour encourager deux lutteurs.

Dans l'ouvrage de Cheick Antha Diop “Nations nègres et culture” (tome 2), le terme “LAG-YA” est mentionné dans la langue Wolof du Sénégal. Lag désignant “la chevalerie” et ya “l'histoire” ; lag-ya serait donc “l'histoire de la chevalerie” sénégalaise.

Jacqueline Rosemain , dans son ouvrage “La musique dans la société antillaise”, avance la thèse que le Ladja serait à l'origine une danse cultuelle, intégrée à l'un des trois grands cultes des religions africaines, le culte de la fécondité de la mort. Ces danses de la fécondité qui furent appelées Caleinda par les colons. Ecoutons la :  […] « La danse de la guerre était la plus secrète, et pour cause, aucun auteur de l'époque ne la décrite.Ces cérémonies au cours desquelles était dansé le Caleinda, car le dieu de la mort est aussi celui de la guerre s'achevaient par une danse guerrière […] Toujours est-il que le laguia est une danse belliqueuse. Il mime une lutte et se termine par la mort du plus faible ou du moins habile des adversaires […] Cette danse était l'affaire des initiés, elle préludait à toutes révoltes ou affrontements graves » […]   Alfred Métraux inclut la danse de la guerre dans le rite “pétro”, un des rites du Vaudou. A l'appui de cette thèse, on pourrait citer l'existence de danses de combat à Trinidad, à Porto-Rico et en République dominicaine portant le nom de CALINDA ou CALENDA ; de même toutes les pratiques et croyances surnaturelles qui entourent le danmyé; de même le témoignage de Lafcadio Hearn dans “Esquisses martiniquaises” qui décrit « le Caleinda » pratiqué par “des hommes”, “à l'aide de bâtons” , et qui pouvait se terminer en de véritables batailles rangées.

Victor P'Fouma , quant à lui, dans “De l'unité culturelle de l'Afrique noire” , indique que dans certaines langues africaines, les mots ‘damm” et “gamm” veulent dire “initiés”, et les mots “yé”, “ya” désignent “ceux qui pratiquent” . Relevons d'ailleurs qu'à Porto-Rico, il existe un art de combat appelé “Damya”.

Enfin, il faut noter qu'il existe des traces dans la mémoire orale et dans la diaspora qui établissent une différence entre “ladja et “danmyé” : le ladja est décrit comme une danse (“dansé ladja” serait une des formes des “dansé kalennda”), ou/et encore comme un combat basé sur la boxe (coups de poings, de pieds) et les projections mais excluant la lutte.

En tout cas, la présence des arts de combat durant la période esclavagiste et l'origine africaine du danmié ne peuvent être mis en doute. Moreau de Saint-Méry , chroniqueur européen de l'époque, en parle en ces termes :  […]  « Les nègres de la côte d'or, belliqueux, sanguinaires, accoutumés aux sacrifices humains, ne connaissaient que des danses féroces comme eux, tandis que les Congos, Sénégalais et d'autres africains, pâtres ou cultivateurs, aiment la lutte parmi leurs amusements favoris. Ils miment des combats et prenaient différentes attitudes de vainqueurs et de vaincus » […].

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Action AM4

Des jeunes et des anciens se sont rassemblés pour fonder Lékol Danmié AM4. Il s'agissait pour eux de réhabiliter et de développer le danmié.

Depuis plus de 10 ans, l'AM4 développe un travail et des expériences multiples en vue de :

  • codifier le danmié (chant, musique, technique)
     
  • systématiser la philosophie danmyé
     
  • mettre au point une pédagogie adaptée
     
  • élaborer des règles de combat et de sécurité
     
  • mettre au point et propager des symboles de l'activité
     
  • organiser les espaces de vie
     
  • rassembler les pratiquants
     
  • former des cadres danmié pour assurer l'avenir du danmié

Tentative de la SDM

Source: extrait des statuts de «Sosyété Danmyé Matinik» adoptés lors de l'Assemblée générale constitutive de décembre 2001

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La SDM (Sosyété Danmyé Matinik) a été créé en décembre 2001, et son but est de rassembler toutes les forces du danmyé. Les écoles danmyé AM4 en sont membres.
C'est un organisme qui permet au danmyé :

  • d'étudier et d'organiser le danmyé, art de combat de la tradition martiniquaise (ainsi que les arts associés) ; de développer, autour du danmyé, une pratique sportive et culturelle de masse ainsi qu'une formation au plus haut niveau.
     
  • d'oeuvrer à l'implantation et à la reconnaissance les plus larges du danmyé au sein de la société martiniquaise.
     
  • de favoriser l'entraide, la solidarité, le progrès économique et social, l'épanouissement physique et psychique au sein du monde danmyé.
     
  • de faciliter les contacts et échanges entre le monde danmyé et les autres secteurs de la culture et de la société martiniquaises, ainsi qu'avec administrations et décideurs.
     
  • de contribuer au regroupement mondial et à l'affirmation des arts de combat nègres, et au dialogue avec les autres cultures du monde.

 

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