AN KOUMANSMAN...

En 1980 - 1981 ...

... quelques personnes issues de la JEC (Jeunesse Etudiante Chrétienne), l'AGEM (Association Générale des Etudiants Martiniquais) et LAVWA PITCHAN (association culturelle implantée à Rive droite Levassor) se regroupent afin de réunir les conditions de création des Ecoles bèlè, danmyé et tanbou-tibwa. Ils veulent axer l'essentiel du travail sur la revalorisation du danmyé-kalennda-bèlè par le développement de la recherche (auprès des Anciens, dans les livres, dans la diaspora), par la formation d'une relève culturelle active dans le domaine de la musique et des danses au tambour, par l'animation et/ou la réorganisation des espaces de vie du danmyé-kalennda-bèlè.

 

Le travail sur la revalorisation du danmyé-kalennda-bèlè nécessite concrètement de :

 

  • Réorganiser le danmyé en un art martial national et populaire
     
  • Réorganiser le Kalennda-bèlè en un art repère pour l'affirmation et le développement de l'expression rituelle, gestuelle et chorégraphique martiniquaise
     
  • Réorganiser la musique Danmyé-kalennda-bèlè en noyau rayonnant de la musique martiniquaise
     
  • Réorganiser le Danmyé-kalennda-bèlè en une véritable société de vie communautaire et philosophique

 

Il s'agit de contribuer ainsi à l'affirmation de la culture afro-martiniquaise et au développement de la conscience nationale et progressiste en Martinique.

 

Cela a nécessité un travail de recherche sur le patrimoine gestuel, chorégraphique, musical, vocal martiniquais par :

 

  • les contacts et échanges avec les Anciens (détenteurs de l'essentiel des connaissances techniques et de la philosophie de ces éléments culturels).
     
  • la recherche livresque en bibliothèque
     
  • les contacts et échanges avec les autres peuples de la Caraïbe

Dès 1983 ...

... C'est l'organisation des écoles associatives au sein desquelles s'est développé et se développe un important travail de recherche et de formation. 

 

  • L'école de bèlè de Fort-de-France puis celle de danmyé sont créées en 1983, suivies en 1984 par l'école tanbou-tibwa.
     
  • En octobre 1986, c'est la création de l'AM4, association regroupant ces trois écoles et un noyau de travail à Rivière-Pilote.
     
  • En 1988 commence un mouvement d'élargissement de l'association avec la création de l'école de Rivière-Pilote. Il se poursuit avec la mise en place de l'école du Lorrain en 1989, celle du François en 1991, et celle du Carbet en 1992, celle des Trois-Ilets en 1995, puis la création de l'école Nord-caraïbe en 1996 (en remplacement de l'école du Carbet).
     
  • Aujourd'hui, l'AM4 regroupe donc six écoles associatives de danse Kalennda-bèlè ; l'école de Danmyé créée en 1983 a donné naissance à quatre écoles (lékol bòkannal, lékol lonè vié neg, lékol lisid, lékol jenn manmay) ; l'école de tanbou-tibwa est devenue lékol mizik intégrant tanbou, tibwa, mais aussi chant, occasionnellement d'autres instruments de percussion de la tradition et une initiation à la théorie musicale.

 

Dans les écoles associatives, tout le monde apprend, de l'animateur à l'adhérent fraîchement arrivé. Il s'agit d'une émulation mutuelle, les animateurs ayant mission toutefois de renforcer leurs compétences par le contact avec les Anciens et l'analyse des informations recueillies.

 

Dans les ateliers techniques des écoles, par les entraînements réguliers, se réalisent apprentissage et transmission. Le parrainage (sorte de cours particulier à un stagiaire) et l'observation-participation dans les espaces de vie de l'expression Danmyé-Kalennda-Bèlè viennent compléter le travail de formation.

Parallèlement, dès 1984

... commence l'activité en vue de la diffusion et de la revalorisation du DKB, de la réorganisation de ses espaces de vie. Cela se traduit par :

 

  • La réalisation de plusieurs centaines de démonstrations culturelles dans toute la Martinique depuis notre création (environ une trentaine par an sous forme d'organisation ou de réalisation de "swaré bèlè", d'animations "fèmen lawonn", de "rankont danmyé"...) et en collaboration avec des structures diverses (associations, offices culturels, Sermac, Cmac ...).
     
  • La participation active à la plupart des swaré bèlè ou danmyé organisées par le monde du danmyé-kalennda-bèlè.
     
  • La sortie de cinq disques documentaires sur la musique Danmyé-kalennda-bèlè : trois sur les traditions du sud en 1990, 1991 et 1999 (bèlè, gran bèlè, danmyé, madjoumbé, fouyé tè), un sur les traditions du nord-caraïbe (lasotè, grajé manyok) en 1992, sur lavwa diab rouj et sur chouval bwa, un sur les traditions de Basse-Pointe en 2005.
     
  • La production de deux CD de nouvelles créations : "Rigolé mé pa mò" en 1996, « Ventan séyon » en 2007.
     
  • La publication de trois brochures d'étude, une sur les instruments tanbou et tibwa (1991), une autre sur les danses kalennda-bèlè (1992) et enfin une sur le danmyé (1994). Elles sont, aujourd'hui, en voie d'actualisation.
     
  • La production de quatre spectacles de recherche gestuelle et chorégraphique montrant les perspectives de création à partir du Danmyé-kalennda-bèlè : "Explorations" en mai 1993, "Nonm ek fanm" en mai 1994, "Tjenbé rèd" en mai 1996, « Tras » en mai 2007.
     
  • L'organisation de "Fèt mizik épi dans tanbou matinik" en mai 1992 au grand carbet du parc floral (grand spectacle associant toutes les composantes du monde de la musique et des danses au tambour et qui a obtenu un grand succès).
     
  • La contribution à la mise en place et à l'animation de rassemblements des associations et personnalités du monde bèlè et danmyé ("Fédérasyon moun bèlè" en 1995, devenue "Coordination lawonn bèlè" en 1997, comité danmié dès le début de l'année 2001, puis Sosiété Danmyé Matinik en Octobre 2001...)
     
  • L'organisation d'échanges avec les forces culturelles de la Caraïbe, à travers des voyages, notamment à Sainte-Lucie(1990/2002/2003), Dominique(1991/92), Tobago(1992), Cuba(1993/94), Guyane(1995), Guadeloupe(12 fois de 1987 à 2007), Grenade(2003), Vénézuéla(2000), à la Réunion et en France (1999) ou/et des rencontres avec des délégations venues en Martinique (Haïti, Brésil notamment), la participation aux festivals de Tobago en 1992 et de Santiago de Cuba en 1994.

A partir de 1990 ...

... c'est le début d'une collaboration avec différents acteurs de l'éducation nationale et de la formation :

 

  • Participation, avec la signature d'une convention en 1992, au projet de zone de la ZEP nord-caraïbe (aide à l'encadrement des enfants en danse traditionnelle dans plusieurs écoles : Morne vert, Prêcheur, Carbet, Case-pilote, Fonds saint Denis, Bellefontaine, Carénage). Cela a abouti à des productions pour des manifestations culturelles de fin d'année et à la participation en juin 1992 au projet "musique et tradition".
     
  • Collaboration aux trois "universités d'été" d'EPS qui se sont tenus en juillet 1992, en octobre 1993, et en octobre 1994, sur "L'intégration des activités physiques traditionnelles dans l'enseignement de l'EPS". Participation depuis au suivi de ces travaux dans les collèges et lycées (notamment au collège de Schoelcher, aux lycées de la Pointe des nègres, de Rivière-Salée, d'Acajou II) et par la contribution à l'animation de plusieurs stages avec les enseignants.
     
  • Participation à l'encadrement d'un cours de danse traditionnelle comme matière à option puis comme activité loisir à l'université depuis 1992.
     
  • Interventions ponctuelles ou régulières dans différents établissements scolaires depuis 1990, et sur tout le territoire de Martinique.
     
  • Participation à l'animation de stages BAFA de spécialisation en danses traditionnelles ou de stages BAPAAT et BETEP avec des organismes comme les CEMEA (Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active), à des stages de formation avec des organismes comme l'IFMES ou encore avec différents offices municipaux de la culture...

 

Pour faire avancer l'axe formation dans l'association, nous avons mis en place un système de formation interne d'animateurs dès 1989 qui porte ses fruits, et nous intensifions la réflexion pédagogique. Nous travaillons aussi à une reconnaissance officielle de la qualification des animateurs par la préparation de différents diplômes. On peut dire que l'expérience technique, relationnelle et pédagogique que peut acquérir quelqu'un de motivé au sein de l'AM4 est certes modeste mais tout à fait appréciable.

 

 

Malgré l'élargissement de l'association et des tâches qu'elle a à accomplir, malgré les difficultés inévitables qui interviennent à différents moments, nous pouvons dire que l'association, depuis sa création, n'a cessé de se renforcer sur le plan de l'organisation et sur le plan de l'unité autour des objectifs à atteindre. Nous pouvons dire aussi qu'elle s'est efforcée de faire preuve de sérieux et d'esprit de responsabilité vis à vis de la culture martiniquaise et vis à vis des nombreux partenaires qu'elle a eu à rencontrer au cours de son histoire. La stabilité et l'élargissement de sa direction mais aussi de sa base, la sympathie dont elle bénéficie dans le monde bèlè et en Martinique en général, en attestent largement.