Lonnè épi respé ba Misié Marc PULVAR
1936 - 2008
A LA MEMOIRE DE MARC PULVAR
Marc PULVAR est décédé dimanche 03 janvier 2008 à l’hôpital Pierre ZOBDA-QUITMAN de la Meynard des suites d’une longue maladie.
Nous saluons très respectueusement la mémoire de ce grand militant de la cause de l’émancipation des travailleurs et de la cause nationale martiniquaise.
En tant qu’organisation culturelle, nous rendons hommage aussi à sa contribution, certes moins connue mais tout aussi importante, pour l’affirmation et le renouveau des racines de notre culture. En effet, Marc PULVAR, alors jeune combattant nationaliste, fait partie de ces premiers militants qui, au début des années 60, se rendent à Bezaudin et Pérou (deux mornes bastions de la résistance culturelle martiniquaise de la région samaritaine) opérant ainsi la première jonction entre la résistance populaire du mouvement danmié-kalennda-bèlè traditionnel et des militants culturels conscientisés. Déjà un peu sensibilisé par le danmié, alors qu’il était encore enfant à Rivière-Salée, il découvre, à Sainte-Marie, une autre « souch » incontournable de l’esprit martiniquais, le Bèlè. « Loulou », comme ils l’appelaient, y côtoie des figures illustres de la légende/histoire du danmié-kalennda bèlè : Esther GRIVALLIERS et ses fils, et notamment Ti Raoul GRIVALLIERS, Générius MARIE-SAINTE dit Galfétè, Dulténor CASERUS, Emile LAPOSTE, Victoire SAINT-ANGE, Florent BARATINI, Féfé MAROLANY, Siméline RANGON, Man EUCHARISTE, Ti Emile CASERUS … Il joue un rôle dans la rencontre de ce « Monde » avec certains acteurs qui apparaissent aujourd’hui comme des chaînons importants du mouvement de renouveau qui s’est développé. Parmi eux, citons des étudiants de l’Association Générale des Etudiants Martiniquais (l’AGEM, qui sort l’un des premiers disques de musique bèlè) et aussi Alan LOMAX (qui réalise de précieux enregistrements, aujourd’hui disponibles). Il se lie tout particulièrement à Emile LAPOSTE avec lequel il partage nombre de projets. Ce n’est d’ailleurs qu’à la mort de celui-ci, à la fin des années 60, qu’il suivra l’évolution du mouvement danmié-kalennda-bèlè de plus loin. Il est à l’origine et un des principaux organisateurs du « Mémorial Emile LAPOSTE » en 1975 au stade Louis-Achille. A cette occasion, il est bon de rappeler qu’il est aussi un des principaux artisans (avec la venue de VELO, de CARNOT, de LOYSON) de la rencontre entre Martinique et Guadeloupe sur le plan des danses et musiques racines, entre Bèlè et Gwoka (après les premiers contacts établis dès 1972 à Rivière-Pilote avec Guy CONQUETE).
Notre association garde un souvenir intense de l’aide désintéressée qu’il nous a apportée dans notre effort pour mieux comprendre la culture danmié-kalennda-bèlè, à travers ses témoignages lors de la rencontre avec la Commission recherche de l’AM4 en août 2003 et lors de plusieurs rencontres individuelles avec des militants de cette commission.
Certains, motivés par leur haine de classe ou aveuglés par leur rancœur ou une vision étroite, ne parlent que de défauts ou erreurs (réels ou inventés) de Marc PULVAR. Mais le peuple martiniquais ne s’y laisse pas prendre. Il sait que Marc PULVAR fait partie de ses fils les plus éminents. Bien sur, Marc PULVAR n’est ni un homme ni un militant parfaits. Il n’en existe pas, quels que soient le camp et la cause défendus. Et, disons-le, fort heureusement ! Cela nous permet d’envisager qu’il est possible que s’affirment en notre sein d’autres hommes et femmes de sa trempe, animés d’une même force de conviction, d’un même esprit de dignité, d’une même puissance intellectuelle et organisatrice, d’une même énergie au service de notre peuple. Nous en avons et nous en aurons besoin, et notamment pour laver cette tâche d’indignité que constituent, à la fin de sa vie et au plus fort de sa maladie, la tentative de le déshonorer et la volonté de l’humilier.
Merci à Marc PULVAR.
Lonnè épi respé !
Fort-de-France,
le 04/01/2008
Le Comité Directeur de l’AM4
(Association Mi Mes Manmay Matinik)