Lonnè épi respé ba Misié Jean-Philippe PINCEAU-CLUSEL
En hommage à Jean-Philippe PINCEAU-CLUSEL
Samedi 09 octobre 2010, durant la matinée, la nouvelle est tombée, brutale, incompréhensible : Jean-Philippe PINCEAU-CLUSEL est mort. On l’a retrouvé chez lui, dans son lit, mort durant son sommeil, il allait avoir cinquante ans.
Nous saluons la mémoire de ce grand militant de la cause martiniquaise et de celle de l’humanité.
Durant ses études, Jean-Philippe a milité à l’AGEM (Association Générale des Etudiants de la Martinique), organisation qui a fortement contribué, par ses analyses et son action, à la formation et à l’engagement de nombreux militants.
Revenu en Martinique, il participe activement, aux côtés d’autres camarades issus de l’AGEM, la JEC et LAVWA PITJAN, à la fondation et au développement, au début des années 80, des écoles danmyé et bèlè de Fort-de-France, puis en 1986 à celle de l’AM4 (Association Mi Mes Manmay Matinik) et, dans ce cadre, au mouvement de renouveau du danmyé-kalennda-bèlè. Il reste membre actif de notre association jusqu’en 1994, au sein de laquelle il anime la commission formation et participe au « konvwa » des danseurs. Depuis cette date et jusqu’à cette année, il est resté, pour l’AM4, le sympathisant loyal, le conseiller averti, le bienfaiteur désintéressé.
Cependant, agronome, Jean-Philippe choisit de se consacrer principalement à l’agriculture martiniquaise, à la formation et à la défense des petits agriculteurs, à la défense de la terre et du patrimoine naturel de la Martinique. Il devient ainsi l’une des chevilles ouvrières de l’ASSAUPAMAR et une de ses plus grandes mémoires. Son activité, mais devrait-on dire plutôt son militantisme, à la SOCOPMA va dans le même sens. De même que celle qu’il déploie à la Ville de Sainte-Anne, ainsi que dans l’élaboration de l’AGENDA 21 au Conseil Général. La mort le surprend alors qu’il développe une activité efficace et appréciée à la Ville du Prêcheur.
Nous saluons la mémoire d’un homme qui, malgré toute cette précieuse activité, ne se faisait remarquer que par son extrême gentillesse, sa sincérité, sa disponibilité, son humilité. Un homme qui, dans son activité militante, avait saisi toute la dimension de la cause défendue et en incarnait, avec sérénité, toute la hauteur après avoir débarrassé son âme des rancœurs, des petites mesquineries et des petites ambitions qui polluent souvent l’action humaine.
Jean-Philippe n’avait pas d’enfants, mais il avait des filleuls. Et ceux qui connaissent cette histoire savent que, malgré le peu de temps dont il disposait, il a su donner au mot « parrain » tout le sens qu’on lui donne (en tout cas dans notre culture), celui d’un père relais, d’un véritable père spirituel, attentionné et éveilleur.
Les traces de la contribution de Jean-Philippe, inscrites dans la plus grande discrétion, sont profondes. Elles vont irriguer pour longtemps encore ce pays qu’il aimait tant. Elles nous aideront à nous souvenir. Mais chacun est unique. Jean-Philippe nous laisse les traces mais il part avec ce qu’il était. Il laisse un grand vide, un vide qui ne peut être comblé.
Force et courage à tous ceux qui l’aiment et qu’il a aimés.
Puisse la Martinique continuer à engendrer de tels enfants.
Pour le Comité Directeur de l’AM4
André DRU