Lonnè épi respé ba Misié Georges ORANGER "Yéyé"

1928 - 2015

Sé épi anpil lapenn nou aprann lanmò dé gran ansien adan danmyé-a, Misié Stéphen LAVIOLETTE (agoch) épi Misié Georges ORANGER (adwet) , ti non’y sété Yéyé. Sé dé gran ansien tala travay anpil pou défann danmyé-a épi pou ba’y balan Matinik.
Yo woulé ba danmyé adan sé lawonn danmyé tradision-an, adan lékol danmyé l’AM4 dépi 1983, adan sosoété Danmyé Matinik dépi 2001 jis 2003.

La veillée de Stéphen LAVIOLETTE aura lieu ce lundi 27 juillet au salon de recueillement Petite Grenade, entrée Bornil, au Vauclin de 18h00 à 22h00, l’inhumation mardi 28 juillet  à 16h au Vauclin. La veillée de Georges ORANGER aura lieu ce lundi 27 juillet à la Morgue de l'hopital du Saint-Esprit de 18h00 à 21h00, l’inhumation  mardi 28 juillet à 15h30 au Saint-Esprit.

 

En hommage à Georges ORANGER dit Yéyé

 

Georges Simon ORANGER dit Yéyé, gran ansien du danmyé, est décédé samedi 25 juillet 2015 à 11h30 à l’hôpital du Saint-Esprit à l’âge de 87 ans.

Né le 3 novembre 1928 au Saint Esprit, il a vécu pendant 14 ans, jusqu’au décès de sa mère, au quartier Morne Lavaleur, et une bonne partie de sa vie au Lamentin. Il a exercé différents métiers liés au travail de la canne à sucre, puis celui de gardien de nuit.

Passionné de cyclisme, il a été membre de l’Etoile cycliste lamentinoise durant plus de vingt ans. Il a aimé  également la vie des Pit qu’il a fréquentés assidument. 

 

 

Georges ORANGER avait un grand amour du danmyé et il était un Met danmyé.

Il a pratiqué un combat complet, utilisant la plupart des armes qu’offre le danmyé (kou épi lanmen, kou épi pié, lité), et pratiquant, selon les circonstances, les deux possibilités d’expression du danmyé qui existent dans la tradition : le goumen danmyé (coups percutés) et le danmyé kou rédui ou anmizé (coups montrés ou touchés mais non percutés).

Initié au chant danmyé par son père, Charlemagne FRANCOIS, élève aussi d’ANDREA (compositeur, chanteur et tanbouyé le plus célèbre de la région Sud), il a été, avec Simon HAUSTAN, et après ANDREA, une des grandes voix du danmyé de cette région. Le timbre particulier de sa voix, son style « colère froide » (dans an lavwa machonnen parfois), sa grande maîtrise des fondamentaux et son sens de la répartie en langue martiniquaise lié à ses talents de kontè/pawolié (et qui lui permettaient de pratiquer largement l’improvisation), ont fait qu’il a été recherché et apprécié dans toutes les grandes rencontres de danmyé de la région Sud. Il a eu également l’occasion de chanter du bèlè. Sa voix, son style de chant et certaines de ses compositions ont été enregistrés sur les volumes 2, 3 et 5 de la collection « Chants et musique négro-martiniquais » produits par l’AM4.

 

 

A partir de 1982-1983, et tant que sa santé le lui a permis, Georges ORANGER a soutenu et participé activement, aux côtés d’autres anciens, au mouvement de réorganisation du danmyé impulsé par Lékol danmyé AM4 qui regroupe, à l’époque, la plus grande partie des danmyétè actifs :

- il est présent régulièrement aux entraînements de lékol danmyé AM4 à Bòkannal durant lesquels il chante, fait des démonstrations et donne de précieux conseils

- il est présent à presque toutes les manifestations de diffusion du danmyé (Bò lawotonn, sanmdi gloriya, konvwa en Guadeloupe en 1987 et à La Réunion en 1999, différents konvwa en Martinique, plusieurs Nuits des arts martiaux…)

- il participe avec enthousiasme, aux côtés d’autres anciens, à la réflexion qui est développée pour l’unification des codes et forces du danmyé (lors du séminaire des danmyétè organisé par l’AM4 en juillet 1996,  lors du forum sur la réorganisation du danmyé d’avril 2001) et c’est tout naturellement qu’il participe à la création de la SDM (Sosiété Danmyé Matinik) le 28 octobre 2001.

- Il participe, de 1984 à 1991, aux côtés de nombre de musiciens et combattants émérites, aux démonstrations et tournois danmyé organisés par Victor JACQUOT dans plusieurs communes de l’île (Gros-Morne, Lamentin, Trois-Ilets, Morne Rouge…)

- Il est, avec Victor JACQUOT,  de 1998 à 2014 (date à laquelle la maladie le prive de sorties extérieures), l’invité d’honneur et le parrain de la manifestation Danmyé Sanmdi gloriya organisée par l’Office de la Culture du Lamentin et Sonia MARC, et durant laquelle il manifeste son grand talent. En 2003, un hommage solennel lui a été d’ailleurs rendu.

 

 

Homme élégant et stylé, séduisant, d’une grande sociabilité, il était animé d’un grand courage, le courage physique et aussi celui de ses convictions et de ses décisions (i té ni kont tjè’y). Il avait en horreur la pwofitasion tant dans le danmyé que dans la vie quotidienne et dans la vie sociale (ce qui s’est traduit, entre autres, par son engagement auprès des communistes).

 

Depuis plusieurs années, Yéyé, contraint par la maladie, ne pouvait plus mener ses activités. Cependant, il réagissait à la moindre évocation et au chant du danmyé.  

Il nous manquera. Il nous laisse ses chants, son style, ses techniques, ses conseils, sa vision, en un mot sa Tras. A nous de nous en saisir afin de donner un essor décisif au mouvement de réorganisation du danmyé.

 

            Lonnè épi respé ba Yéyé !

 

                                                                              Le 25 juillet 2015

                                                                     Comité Directeur de l’AM4