Lonnè épi respé ba Man Ciméline

1924 - 2008

"Man Ciméline", " La Simé " , est née au quartier Reculée de Sainte-Marie en janvier 1924 de Yvette et Henri VILCOQ. Elle est âgée aujourd'hui de 72 ans. Elle chante et danse le Bèlè du nord ­atlantique. Elle pratique aussi les autres expres sions, "chanté danse Lalin klè" de la région.

 

Elle a un fils, Théophane dit "Man", qui danse lui aussi le Bèlè.
Elle s'est mariée, à l'âge de 22 ans, avec Joseph RANGON (lui-même âgé, de 24 ans) dont elle partage l'existence depuis cinquante ans maintenant.

 

Elle a travaillé très dur toute sa vie. D'abord dans les 'Ti bann" dès l'âge de 14 ans. Puis comme ouvrière agricole (''raché bwa", "fè tach " , "maré pH kann", "raché manyok"). Enfin en faisant des lessives.

Femme au franc-parler célèbre, représentante émérite de la richesse et du fonctionnement de notre langue créole, elle est aussi femme de gentillesse, peut-être trop timide pour qu'on en parle davantage.

La vie de Man Ciméline est inséparable du Bèlè. Et comme le Bèlè, elle a du affronter le mépris raciste, le mépris social et la tentative de destruction de l'identité martiniquaise.

 

Elle est née et a grandi dans le milieu du Bèlè. D'ailleurs sa mère possédait et animait "an kay bèlè".
Malgré les réticences de sa mère au début, et bénéficiant du soutien de certaines Anciennes comme Manzè Adèle, elle a commencé à danser dès l'âge de 13 ans. Et, depuis, n'a jamais arrêté.

Elle-même, prenant la relève de sa mère, a eu deux ''kay bèlè". La seconde, construite avec l'aide de Ti Emile, est restée en activité jusqu'en 1963. C'était l'époque ou Danmyé-Kalennda-Bèlè et tambour étaient considérés comme "bagay vyé nèg", "bagay djendjen".

Hommage de l'AM4

Man Ciméline RANGON, «  Lasimé », est née au quartier Reculée de Sainte-Marie en janvier 1924. Elle a travaillé très dur toute sa vie. D’abord dans les « Ti bann » dès l’âge de 14 ans, puis comme ouvrière agricole (« raché bwa », « fè tach », « maré pil kann », « raché manyok »), enfin en faisant des lessives.

 

Femme au franc-parler célèbre, représentante émérite de la richesse et du fonctionnement de notre langue créole, la vie de Man Ciméline est inséparable du bèlè. Et, comme le bèlè, elle a du addronter le mépris raciste, le mépris social et la destruction de l’identité martiniquaise. Elle est née et a grandi dans le milieu du bèlè. Sa mère possédait et animait « an kay bèlè ». Malgré les réticences de celle-ci, au début, et bénéficiant du soutien de certaines Anciennes, elle a commencé à danser dès l’âge de 13 ans et n’a jamais arrêté. Prenant la relève de sa mère, elle a eu deux « kay bèlè ». La seconde, construite avec l’aide de TI ÉMILE, est restée en activité jusqu’en 1963. Dans ses « kay bèlè », et plus généralement tout au cours de sa pratique des « won » ou « swaré bèlè », elle a côtoyé nombre de figures illustres du kalennda-bèlè. Elle a notamment collaboré avec TI EMILE à l’époque où il était à Sainte-Marie, avant qu’il ne descende en ville.

 

C’est avec Stéphane SEBAREC (qui, avec Clémence Boniface, fut l’un des grands compositeurs de l’entre-deux-guerres) qu’elle commença à chanter. Depuis, elle éytait connue comme une des rares femmes chanteuses de bèlè de notre époque. Mais comme elle disait si bien, « Lè ou fanm, sé pa kon lè ou nonm », et elle n’eut pas les mêmes opportunités que ses collèges masculins. C’est peut-être pour cela qu’entre elle et Madame Espélisane SAINTE-ROSE, chanteuse et danseuse de bèlè du Sud de la Martinique, était née une estime réciproque.

 

La voix de Man Ciméline est fixée sur plusieurs enregistrements : Folklore de campagne recueilli par Anca Bertrand - Martinique  / Chants de Bel-Air (production de l’Association Générale des Etudiants de la Martinique – AGEM) / Le bélia des alliés (production du groupe Belalians). On peut l’entendre aussi sur les enregistrements réalisés par Franck Hubert à Bezaudin en 1961 (et dont sont extraits les enregistrements figurant sur le disque de l’AGEM).

Man Ciméline a également participé comme chanteuse en 1972, à l’époque des débuts du Festival de Fort-de-France, à la représentation de la pièce « Une tempête » d’Aimé CÉSAIRE aux côtés d’Ivan LABÉJOF. Elle a participé aussi au ballet-théâtre « Au pays de Titin’ Gloria » présenté par la Compagnie « Trass la » de Sonia MARC en mai 1996. Elle était de presque toutes les swaré bèlè et de toutes les grandes manifestations du bèlè.Elle souliganit avec fierté qu’elle a toujours refusé de danser sur les bateux de touristes.

 

Pour l’AM4 et les nouvelles générations, elle était une « Ancienne », c’est à dire une référence dont on recherche les connaissances et les conseils pour animer le grand chantier du renouveau des musiques et danses au tambour de la Martinique. Nous lui devons beaucoup pour la connaissance de la langue créole, de « Lespri-a », des principes techniques et répertoire de la danse kalennda-bèlè (engtre autres, les différentes formes du dansé mabélo).

 

L’association a eu l’occasion de lui rendre plusieurs hommages de son vivant (lors de nos swaré bèlè, avec l’émission Fondas chez elle, en organisant avec Gérard WATELLO du Centre culturel André ALIKER la manifestation « Nou » au début des années 1990, à la Maison de repos de Terreville où elle résidait ces dernières années à cause de sa maladie). Nous continuerons à lui rendre l’hommage qu’elle mérite en poursuivant son action pour que vive et se renforce le danmyé-kalennda-bèlè.

 

Article paru dans le bulletin de l’AM4 de novembre 2008